Page 45 - Bulletin 161
P. 45
Qui était et d’où venait Pierre MIVILLE dit «Le Suisse» ?
Par ailleurs, d'autres VANDELLE des Rousses étaient son peint sur leur bouclier, ou écu. D'où ce nom de
d'abord passés par l'actuel Annemasse en Haute- "armoiries" pour le contenu du blason, et de "écuyer"
Savoie, avant de finir eux aussi à Genève (3). pour le premier titre de noblesse. Et d'où aussi la
noblesse supposée à posséder un blason.
v Autres migrants de Septmoncel
Le notaire ayant reçu le testament du recteur était un Au départ, le blason traduisait ainsi graphiquement les
Claude MICHAUD, lui aussi explicitement de la alliances entre nobles familles, et à une période où il
paroisse de Septmoncel (3). Outre ces VANDELLE et fallait "être né", il permettait de s'afficher les ancêtres
ce MICHAUD, on trouve aussi vers 1500 dans les les plus illustres possibles, réels ou supposés.
nouveaux bourgeois un MANDRILLON et un CHE-
VASSSUS eux aussi "de Septmoncel". Et donc au En effet, le blasonnement est une activité libre de tout
total, on trouve ainsi une dizaine d’exemples de Haut- contrôle, et le décodage des blasons traduit juste les
Jurassiens de Longchaumois ou de Septmoncel qui fantasmes de ceux qui les ont commandés. Par exem-
s’établissent à Genève ou alentour, et de par le simple ple en 1919, le premier logo de la marque automobile
effet de métropole régionale.
Citroën était un blason synonyme de haute technicité,
car rappelant que la première production du fondateur
Et donc les MIVILLE de Genève venaient bien eux-
aussi de Longchaumois. en 1900 était des engrenages à chevrons.
À la Renaissance, les très riches bourgeois pensaient
Les MIVILLE de Bâle
également asseoir leur statut social en s'inventant un
L’ancêtre des MIVILLE de Bâle est bien identifié. Il blason. À Genève par exemple, les VANDELLE
s’agit en effet d'un Jacques ou Jakob MIVILLE, fils devenus très riches s'étaient fabriqué un blason avec
du précédent Jacques, charpentier, originaire de un van à vanner et des fleurs de lys. Malheureusement
Cervonnex et Bourgeois de Genève (11,22,29). Il est le résultat avait sans doute été un peu à l'opposé de
à l’origine d’une nombreuse descendance dont plu- l'effet escompté, car ces nouvelles "armoiries" avait
sieurs membres se sont illustrés, mais ce foyer de beaucoup fait jaser (10).
Bâle n’est pas non plus un foyer d’origine.
Or dans le cas présent, le blason des MIVILLE du
Les MIVILLE de Strasbourg Québec ne date finalement que de 1932 (30), et il
repose très directement sur tous les contresens qui
Les MIVILLE sont nombreux à Strasbourg à partir de seront analysés plus loin.
1685. Leur ancêtre est un Abraham, né à Bâle le
21/01/1646, négociant et banquier. Il s’installe ensui- v Les sources généalogiques
te à Strasbourg où il fait souche avec Anna ZEIS- Le «Site généalogique et héraldique du canton de
SOLFF, épousée le 05/08/1685 (22). Ce foyer tardif Fribourg» (31) consacre une notice aux patronymes
de Strasbourg n’est donc toujours pas un foyer origi- MIVILLE et MIVELAZ et précise que Actuellement
nel.
rien ne permet de prouver que Pierre Miville soit né
dans le canton de Fribourg (aucune mention dans les
Les MIVILLE du canton de Fribourg
RP).
v Les blasons MIVILLE Pourtant, une recherche sur Geneanet fournit près de
La science héraldique est un langage très précis, et
1500 occurrences du patronyme "à Fribourg". Pour
elle est justement l'expression graphique d'une lignée. l’essentiel, elles ne concernent cependant que 3 per-
Au Moyen-Âge, les tournois de chevalerie étaient en
sonnes, et la plupart de ces citations sont basées sur
effet des spectacles, tout comme les matchs de foot- des données d’Ancestry.com. Or celles-ci sont invéri-
ball aujourd'hui. Pour être reconnus de loin dans de
fiables, car sans référence. En particulier, on ne peut
très grands stades, les joueurs affichent ainsi leur nom pas savoir à quelle acception de Fribourg elles se réfè-
en gros sur leurs épaules, et dans les tournois, les che-
rent.
valiers en armure affichaient leur identité avec un bla-
45GÉNÉALOGIE Franc-Comtoise n°161