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Qui était et d’où venait Pierre MIVILLE dit «Le Suisse» ?
Figure 6 : la Dent de Vaulion vue du lac de Joux
cipauté ecclésiastique gérée par un abbé commenda-
taire, c’est-à-dire un abbé politique, et même pas rési-
dent permanent. Plus au Sud, les Pays de l'Ain étaient
le fief de la famille de Thoire, puis Thoire-Villars,
vassaux directs de la Maison de Savoie (28). Or de
nombreux abbés ont été des affidés de cette puissante
Figure 5 : Topographie régionale et paroisses à miViLLe Maison de Savoie, et avec parfois des conséquences
Longchaumois s'étendait alors jusqu'à l'actuelle sta- régionales importantes. Ainsi, Wikipedia nous dit que
tion de ski des Rousses, et à l'Est, la paroisse parallè- l'abbé Guillaume V de la Baume (1384-1393) avait
le de Septmoncel était une très longue combe, et elle négocié en 1359 l'achat de la Baronnie de Vaud par le
allait encore bien au-delà, jusqu'à l'actuelle frontière Comte Amédée VI de Savoie, et qu'à son départ en
suisse. 1393, il avait été nommé évêque de Sion sur le Haut-
Rhône. De même en 1478, Jean Louis de Savoie
Dans ce fond de combe aux confins de la Terre de St- (1469-1483) redéfinit la frontière entre la paroisse de
Claude, la future paroisse des Rousses était devenue Septmoncel et le Pays de Vaud. En 1522, Pierre de la
une succursale en 1613, mais c'était seulement 16 ans Baume (1510-1544) est même nommé en même
avant le mariage de Pierre MIVILLE à Brouage. temps évêque de Genève, tout comme plus tard ses
Néanmoins, cette nouvelle église des Rousses avait neveux. Lors de la prise de pouvoir des Protestants à
engendré le prénom paroissial de Pierre, et celui-ci est Genève, Pierre de la Baume se réfugie d'ailleurs aus-
ensuite devenu un prénom familial chez de très nom- sitôt dans son abbaye de St-Claude. On voit ainsi que
breux émigrés et leurs descendants (10). les interactions entre la Terre de Saint-Claude, le
Duché de Savoie, la cité de Genève et le Pays de Vaud
Pour autant, cette combe des confins se prolonge sont permanentes à cette époque.
ensuite en Suisse, mais sa sortie est bouchée par une
petite chaine au célèbre profil triangulaire, la Dent de La cité–état de Genève
Vaulion (), d'où la formation à son pied du très joli
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lac de Joux (Fig. 6). Or si l'on en sort par la droite, on Au 15 siècle, Genève est certes une cité autonome,
passe alors par Romainmôtier (†), autre abbaye béné- mais elle est entourée de toutes parts par le Duché de
dictine alliée de St-Claude, et l'on débouche ensuite Savoie (10), et celui-ci rêvait d’en faire sa capitale.
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sur le Sud de Pays de Vaud. Et si l'on sort par la gau- Autour du lac Léman, le 16 siècle fut également une
che en suivant le déversoir du lac, on débouche alors période instable troublée par des conflits religieux, et
sur la place forte d'Yverdon, puis sur la rive Sud du doublés de l’opposition entre les partisans d’un ratta-
lac de Neuchâtel. Or au 15 siècle, le Pays de Vaud chement à la Savoie ou à la Confédération
e
savoyard allait jusqu'un lac de Morat (Fig. 9 de la réf. 10) Helvétique.
Sous l’influence de Calvin, Genève adopte la
Les abbés de St-Claude
Réforme en 1536, et elle devient une république indé-
À la fin du Moyen-Âge, la Terre de Saint-Claude et le pendante en 1541. Bon gré mal gré, les autres habi-
Duché de Savoie, relèvent tous les deux du Saint- tants se convertissent alors à la "RPR", Religion
Empire. La Terre de Saint-Claude était ainsi une prin- Prétendue Réformée. Après l’échec de "l’Escalade"
43GÉNÉALOGIE Franc-Comtoise n°161