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AFFAIRE JUDICI
                                    1820, l’affaire Jean NÉLATONAIRE








                              histoire d’une vengeance expéditive







             Ce dimanche 9 janvier 1820, les cloches de l’église de  Il avertit le maire qui ne peut, à son tour, que consta-
             Gennes (Doubs) appellent les paroissiens à la messe.  ter le crime et ses circonstances. BEAUQUIER s’iso-
             Lorsque  Jean-François  BEAUQUIER,  l’adjoint  au  le dans la chambre au-dessus de la cuisine afin de lais-
             maire, sort de chez lui à 9 h 30 avec à ses côtés son  ser libre cours à sa peine et pouvoir se soustraire à la
             fils  et  sa  domestique,  le  froid  est  rude.  Claudine  noria de curieux déjà rassemblée au rez-de-chaussée.
             ROBERT -son épouse- n’assiste pas à l’office. Agée  Immédiatement,  il  se  rend  compte  qu’on  a  forcé  la
             de 63 ans, elle est depuis quelque temps encombrée  porte  du  buffet  face  à  lui.  Il  en  a  encore  la  clef  en
             d’un  asthme  persistant  et  puis,  depuis  une  vilaine  poche. La serrure tient à peine et la grande boîte ronde
             chute,  elle  boite,  ce  qui  lui  fait  préférer  garder  le  en carton où il dissimulait de l’argent est vide. 180
             domicile.  Son  mari  l’a  donc  laissée  en  confiance  francs ont disparu. Quatre pièces d’or de 20 francs et
             confortablement installée dans un fauteuil de la cham-  vingt autres pièces en écus de 5 francs. La présence de
             bre du rez-de-chaussée qui est dans le prolongement  miel et de sucre n’a pas tenté le voleur. Le second buf-
             de la cuisine.                                     fet contenant les habits et le linge de la domestique
                                                                n’a pas été touché et pourtant la clef était sur la serru-
             À son retour, il voit de loin sa femme, toujours dans  re.
             son fauteuil, mais renversée contre le dossier et la tête
             bizarrement penchée sur l’épaule droite. Il croit, mais  Mais  qui  a  donc  pu  commettre  cette  abomination  ?
             en  vérité  bien  peu  de  temps,  qu’elle  dort.  Les  soupçons  s’orientent  vite  vers  un  nommé  Jean
             S’approchant, il découvre qu’il y a des traces de sang  NÉLATON dit Courtot. Un jeune homme de 26 ans,
             et des meurtrissures sur son visage et sur le cou. Le  enfant naturel, placé par sa mère dès l’âge de six ans
             pourtour d’un oeil laisse deviner un choc violent. Le  à Osse chez les BOLARD et qui a du mal à trouver du
             malheureux comprend alors qu’il vient de perdre son  travail : il se propose pour des remplacements, mais sa
             épouse que l’on a étranglée.                       petite taille (à peine 1 m 60), n’inspire pas confiance.






































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